A-t-on vraiment besoin d'un agent lorsqu'on est comédien ? Colette Tostivint, fondatrice de l’Agence Colette, vous révèle tout sur son métier d'agente

Bonjour Colette Tostivint. Vous êtes la fondatrice de l’agence artistique Colette. Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer cette agence ?

C.T : C’est mon Ikigai. L’ikigai, c’est là où se rencontrent les talents, la profession, la mission et la vocation. Mon talent est le matching making et je suis militante culturelle. Être agente artistique était vraiment très logique pour moi.

Quels profils retrouve-t-on ?

C.T : Nous retrouvons des talents âgés de 7 à 67 ans. Les profils sont comme les gens que l’on rencontre dans la vie, de toutes les tailles et nationalités. Pour moi, ce qui est important, c’est la quête d'excellence, la vision partagée de la collaboration et la partie internationale. Il y a beaucoup de diversité dans mes profils. J’ai des personnes en situation de handicap, de toutes les couleurs, certaines ne parlent que français et d’autres parlent 8 langues.

Comment devient-on agente ? Faut-il suivre une formation ?

C.T : C’est un talent. Depuis que j’ai 20 ans, on me dit “tu pourrais être mon agente”. C’est mon talent de matching maker qui a fait que les gens m’ont dit d’être agente artistique. J’ai trouvé des castings à des amis, des rôles dans des films, des lecteurs à des copains qui étaient journalistes et auteurs, des sponsors à un ami sportif… Il n’y a pas un diplôme de l’agent. Certains sont juristes, d’autres attachés de presse ou ont fait des écoles de commerce. Tout est possible. 

En tant qu’agente, pouvez-vous décrire concrètement quel est son rôle pour un artiste ?

C.T : Je suis aussi bien leur avocate pour leurs contrats que leur conseillère et coach pour leur stratégie avec les professionnels du métier. 

Pour beaucoup d’artistes, signer en agence est un accomplissement. Qu'en pensez-vous ?

C.T : Beaucoup d’artistes souhaitent signer en agence mais n’ont pas la carrière pour. S’ils font juste quelques jours de tournage et de la figuration, ils n’ont pas besoin d’un agent. On prend un comptable lorsqu’on a les comptes d’une entreprise à faire. C’est pareil pour un artiste. On prend un agent quand on a de quoi faire avec notre carrière. Donc il y a une grosse méprise : beaucoup veulent être en agence, mais peu méritent de l’être.

Comment envoyer une bonne candidature ?

C.T : Dès l’objet de l’email, il faut savoir se présenter. “Jeune femme caucasienne rousse, tranche d’âge 18-25 ans, polyglotte” est un meilleur objet d’email que “comédienne cherche agence”. Il faut être simple, efficace et envoyer trois photos professionnelles, une bande démo et une vidéo de présentation. Un agent vous trouve des rôles mais il faut être prêt. Beaucoup veulent des rôles principaux mais n’ont pas les épaules pour.

Au contraire, quelles sont les erreurs à ne surtout pas faire ou dire lorsqu’on contacte une agence ?

C.T : De parler de figuration, d’envoyer des photos pas professionnelles, de ne pas avoir de bande-démo. Faites un court-métrage comme le Festival Nikon pour avoir des images. Si vous n’avez pas de bande démo, envoyez au moins une vidéo de présentation et apprenez à vous présenter. Envoyez votre compte Instagram pour qu’on puisse voir qui vous êtes. Une agence se choisit, donc n’envoyez pas un mail à 150 agences. C’est un mariage professionnel, un comédien doit choisir son agence mais elle doit aussi le choisir.

Selon vous, comment un comédien peut-il se démarquer lors d’un casting ?

C.T : Il faut déjà qu’il soit à l’heure et connaisse son texte. Il faut faire différentes propositions, une simple et une un peu plus prononcée. Sur le compte Instagram de l’agence, nous donnons des conseils pour tous les comédiens.

Quel conseil donneriez-vous aux membres de Casting.fr qui souhaitent devenir comédiens ?

C.T : Premièrement, ne pas oublier que c’est un métier. Il va falloir beaucoup travailler. Il y a beaucoup de concurrence, il ne faut pas être bon mais excellent. Être comédien et vouloir jouer dans des films, c’est comme être sportif et vouloir faire les Jeux Olympiques. C’est un projet en soi et ça prend des années. Il faut retenir trois choses : être acteur ou actrice est un métier d’image, de réseau et de technique. Niveau jeu, il faut être solide pour faire des propositions lorsqu’on joue sur les planches ou face à la caméra. Il faut aller souvent à des projections et à des festivals pour se faire du réseau. Il faut aussi être présent sur les réseaux sociaux, notamment Instagram. Ce n’est pas seulement un réseau social, c’est aussi un outil de travail. Pour l'image, il faut toujours avoir des photos récentes et renouvelées tous les six mois. Elles doivent vous représenter et être naturelles tout en montrant vos différentes facettes. Enfin, il faut avoir une bande démo et une vidéo de présentation dans les différentes langues que vous parlez.