"En doublage, ce n'est pas la voix qui est importante" : rencontre avec Bruno Choël, l'homme derrière la voix de Johnny Depp et Ewan McGregor
"En doublage, ce n'est pas la voix qui est importante" : rencontre avec Bruno Choël, l'homme derrière la voix de Johnny Depp et Ewan McGregor
Connu pour être la voix française régulière de Johnny Depp, Bruno Choël est un expert du doublage. Des films aux séries, en passant par les jeux vidéos, le comédien nous ouvre les portes de son univers et partage ses précieux conseils pour ceux qui souhaitent se lancer.
Bonjour Bruno Choël. Vous êtes comédien de doublage. Vous êtes, entre autres, la voix régulière de Johnny Depp. Est-ce que vous l'avez déjà rencontré ?
B.C : Oui, mais au bout de vingt ans. J'ai mis du temps avant de le rencontrer. Il était venu à une avant-première à Deauville, au Festival du Film. Une amie m'a dit "on va tenter notre chance". Ce n'était pas du tout fait, parce qu'il y avait trop de gardes du corps pour l'approcher. Et puis, de fil en aiguille, j'ai réussi à l'approcher. C'était très agréable.
Comment êtes-vous devenu comédien de doublage ?
B.C : Je faisais beaucoup de théâtre quand j'étais jeune. J'ai eu envie de faire autre chose dans mon métier, de doubler. J'étais un peu à sec, et il y avait la possibilité de faire des voix et du doublage. J'ai assisté à une séance une fois et c'est m'a plu. Il a fallu rentrer dans les studios, chose qui est difficile à faire, et de rentrer sur une série. J'ai commencé sur un soap américain du genre "Les feux de l'amour". J'ai appris le métier grâce à cette série. De fil en aiguille, je suis passée de la série aux films, et aux films je suis passé à des acteurs. J'ai mis quatre à cinq ans pour réussir à démarrer. Coup de bol, je suis tombé sur des acteurs qui ont fait de grosses carrières.
C'est un chemin de longue haleine finalement...
B.C : Oui, car il faut être connu des directeurs artistiques, ceux qui vous embauchent. Ils vont vous prendre par rapport à votre voix et à votre façon d'être afin de voir si cela correspond à un personnage américain que vous pourriez doubler. Rentrer dans la tête des directeurs artistiques, c'est long parce qu'ils ont beaucoup d'acteurs à voir.
Comment se passent les castings dans le doublage ?
B.C : Malheureusement, ce n'est pas comme pour le cinéma. Pour faire du doublage, le mieux est de faire du théâtre. Ça vous permettra, pour la suite, d'être à l'aise à l'image. C'est vrai qu'il y a l'histoire de la bande rythmo, que tout le monde connaît maintenant. C'est le fait de lire en place. Mais on va vous demander de jouer des scènes; et là, vous allez tirer un maximum d'informations sur le théâtre. C'est le théâtre qui va vous permettre de jouer, de rejouer les scènes qui sont déjà jouées. Ensuite, on fait des stages, pour tout lire en place. La technique s'apprend assez vite. Imbriquer le jeu et la lecture sur place, c'est plus compliqué.
Le doublage est-il accessible à tous, même aux voix les plus atypiques ?
B.C : Bien sûr ! Je pars du principe que ce n'est pas la voix qui est importante en doublage. Étonnamment, c'est le corps et la façon dont on bouge. Finalement, la voix, ce n'est pas très grave. C'est surtout le jeu qu'on y met physiquement, et la voix vient automatiquement après. Et puis, il faut des voix moches en doublage. On a besoin de toutes les voix, y compris des voix éraillées.
Pour en savoir plus sur le doublage, retrouvez notre reportage en immersion dans une formation O'Bahamas avec Bruno Choël ici.