Dans l'écriture comme dans les castings, Christine Lemarchand, auteure du roman “Le silence des mouettes rieuses”, vous dévoile sa méthode pour se lancer en toute confiance
Dans l'écriture comme dans les castings, Christine Lemarchand, auteure du roman “Le silence des mouettes rieuses”, vous dévoile sa méthode pour se lancer en toute confiance
De l’audace, Christine Lemarchand en déborde. Ancienne directrice d’une agence de communication, elle consacre désormais sa vie à l’écriture. Son premier roman “Le silence des mouettes rieuses” est poignant. Auto-édité via Amazon, il a été nommé pour les Prix Jean Anglade 2023 ainsi que le Prix Novice 2023. Comment s’est-elle engagée dans cette aventure littéraire ? Quelles ont été ses inspirations ? Et surtout, quels conseils peut-elle offrir aux futurs écrivains, et même aux artistes qui veulent se lancer ? Les réponses dans cette interview.
“Le silence des mouettes rieuses” est votre premier roman. Parlez-nous de votre parcours. Que faisiez-vous avant de devenir romancière ?
C.L : Je me suis partagée entre mon métier de communicante et ma passion pour les voyages. J'ai dirigé ma propre agence de communication pendant 30 ans avant de me consacrer entièrement à l’écriture. Ces deux expériences m’ont permis d’appréhender les relations humaines sur le plan sociétal, familial, voire tribal. Se confronter à la société de consommation sur le long terme ne me permettait pas de comprendre tous les ressorts de l’humanité. Voyager, au contraire, m’a fait découvrir des cultures différentes, des modes de vie plus archaïques, qui comportaient souvent des valeurs humaines et environnementales que nos sociétés ont parfois oubliées. Voyager sans idées préconçues est souvent le meilleur remède contre l’autosatisfaction. La compréhension de soi passe par la remise en question de nos certitudes et la prise de conscience de nos fragilités. Toutes mes expériences ont été salutaires et m’ont permis d’avancer vers une meilleure compréhension du monde.
Votre roman est paru en septembre 2023. Quel a été votre déclic pour commencer à écrire ce livre ?
C.L : Cette histoire m’est venue à Bali. Je voyageais depuis un mois et je me suis interrogée sur la bonté de l’âme humaine. Réalité ou fiction ? Sommes-nous potentiellement prédestinés à être des anges ou des démons ? Ou bien est-ce la vie que nous parcourons qui nous forge ? Nous pouvons à tout instant suivre un chemin ou un autre. Toutes nos décisions ont des conséquences en cascade. Alors qui pourrait dire qu’aucune de ses actions n’a causé du tort à quelqu’un d’autre ? Personne n’est infaillible et aucun d’entre nous n’est identique. Nous nous forgeons au fil de nos souffrances et de nos joies. Qu’en ressortira-t-il à la fin de notre parcours ? Serons-nous du bon ou du mauvais côté ?
Pourquoi avoir choisi de donner à ce roman le titre "Le silence des mouettes rieuses" ?
C.L : Je suis originaire de Sainte-Adresse et je passais mes vacances à Étretat. Enfant timide et solitaire, je pouvais regarder les mouettes pendant des heures. On les surnomme les mouettes rieuses, car leurs cris sont incessants et ressemblent à des rires narquois. Rien ne peut les faire taire, sauf peut-être l’impensable…
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire ce livre ?
C.L : Les récits de toutes les personnes que j’ai rencontrées et qui ont eu la gentillesse de me narrer leur histoire. J’ai été passionnée par le récit d’une amie sur son expérience de mort imminente, et dans d’autres contextes par le récit d’hommes ou de femmes ayant vécu des drames qui les ont marqués à vie, mais aussi par des témoignages de résilience, de sacrifice et d’actes glorieux par amour. Toutes ces histoires ont donné naissance à des personnages aussi odieux que purs et innocents.
Comment avez-vous développé les personnages pour transmettre l'émotion et la tension ? Existe-t-il des personnes ou des proches qui vous ont inspiré ?
C.L : Ce n’est pas un livre autobiographique et les personnages ne ressemblent en rien à mon environnement direct, mais il est vrai que j’ai puisé le fil de mon récit dans les innombrables témoignages que j’ai pu récolter au cours de ma vie. Mes voyages ont toujours été le prétexte pour partir à la rencontre des autres et, de ce fait, de leur histoire intime quand ils acceptaient de me la confier. Quant au suspense, il s’agit d’un premier roman, donc d’un exercice totalement nouveau. Je n'ai pas eu de méthode particulière, j’ai juste suivi le fil d’un récit et imaginé des séquences où un pan se dévoile alors même qu’un rebondissement relance le suspense. Je pense que c’est le propre de l’imagination de fourmiller autour d’un récit qui ne s’approprierait pas une seule vérité, mais cheminerait dans le dédale de vies entremêlées.
Vous avez auto-édité ce roman via Amazon. Pourriez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?
C.L : L’auto-édition consiste à n’avoir aucun soutien en termes de relecture, de mise en page, de réalisation graphique, ni même de marketing ou de promotion. Il faut donc s’armer de patience, s’entourer de gens compétents et se confronter aux lecteurs pour avoir leur avis et en faire la promotion.
Quel message espérez-vous que les lecteurs retiennent après avoir lu votre livre ?
C.L : Je n’apprécie guère l’idée de délivrer un message, mais disons que j’aimerais que l’on retienne deux choses :
L’inconscient aura toujours le dernier mot, surtout lors d’un traumatisme. Rien ne pourra lui échapper, ni le renoncement ni le rejet. Il ne vous laissera tranquille que lorsque vous aurez découvert la vérité ; c’est le propre de notre cerveau. Nous n’acceptons que l’harmonie. C’est sûrement ce que nous appelons « vivre en paix avec nous-mêmes ».
Un secret de famille peut détruire plusieurs générations. Le non-dit s’immisce au sein de ceux qui le portent sans le savoir. Un passé lourd empêchera toujours les générations futures d’avancer sereinement. L’inconscient réclamera la vérité à un moment ou à un autre et les dégâts seront toujours plus conséquents. Aucun secret ne mérite d’être entériné. Seule la parole peut libérer et permettre d’avancer.
Votre roman a été nominé pour le Prix Jean Anglade 2023 et le Prix Novice 2023. Qu’avez-vous ressenti en apprenant ces nominations ?
C.L : C’était juste après l’écriture de mon roman. Pour bénéficier d’une relecture, je l’ai déposé sur une plateforme d’édition. Deux éditeurs ont mis une option sur mon roman pour pouvoir le présenter aux prix en question. J’ai été très heureuse de cette reconnaissance professionnelle, même si, au final, je n’ai pas eu le prix. Mais j’ai également pris conscience que la route serait longue pour faire son chemin au milieu des innombrables livres écrits chaque année. Impatiente de nature, je voulais être confrontée au regard des lecteurs. C’était pour moi la seule « évaluation » qui me permettait de me situer et de savoir si la rédaction et le sujet pouvaient « emballer » le lecteur. J’ai donc choisi de partir vers l’auto-édition.
Avez-vous d'autres projets d'écriture en cours ?
C.L : Oui je publie actuellement un recueil de poésie chez Poésie.io. J’ai également commencé un autre roman sur un sujet différent mais dans lequel les interactions humaines seront toujours la clé de voûte.
Quel conseil donneriez-vous à des écrivains qui souhaiteraient se lancer dans l’écriture de leur roman ?
C.L : Ne jamais renoncer, ne jamais vouloir ressembler à quelqu’un, ne jamais écrire pour plaire. L’écriture est la chose la plus intime qui soit. Elle se révèle, bien sûr, dans l’imaginaire, mais le récit se forge au gré de nos propres failles, et c’est à mon sens à ce moment-là qu’un roman prend son envol.
Les trois temps importants :
La documentation : se documenter encore et encore pour être certain de la véracité du récit, prendre des notes et commencer à dessiner les personnages.
La rédaction : c’est la partie la plus aléatoire, car il faut « oublier » la méthodologie et préférer l’instinct de la narration.
La relecture : se relire ne veut pas dire tout réécrire, mais alléger, car on a parfois tendance à vouloir en dire trop ou pas assez. La relecture servira à doser chaque chapitre pour amener le lecteur au point final.