Narcisse Alias Jean-Damien HUMAIR présente son spectacle musical à succès “TOI TU TAIS”
Narcisse Alias Jean-Damien HUMAIR présente son spectacle musical à succès “TOI TU TAIS”
Bonjour Narcisse, au cours de votre parcours vous avez réussi à créer une alchimie parfaite entre le texte et la musique grâce au slam. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce courant musical?
N : C’est vrai que la musique et la vidéo sont importantes dans mon spectacle, mais il faut rappeler que le slam est à l’origine un moment où l’a dit de la poésie. Ni plus ni moins. Le slam n’est pas une musique – et en particulier ce n’est pas une forme de rap. Ce n’est pas non plus un style: on peut slamer de mille façons différentes.
La musique, est-ce une passion depuis l’enfance ?
N : Oui, depuis tout petit je suis fasciné par la musique, par les musiciens. Je devais avoir quatre ou cinq ans quand j’ai vu pour la première fois jouer de la guitare électrique, j’étais subjugué. Et cette passion pour la musique m’a accompagné toute ma vie. J’ai étudié la musicologie, j’ai composé de la musique de film, de publicité aussi, avant de me lancer dans mon propre projet artistique. Aujourd’hui, je suis surtout connu en tant que poète, mais je me sens toujours avant tout musicien.
Parlez-nous de votre rencontre avec Marc SMITH, fondateur du slam, lors du Chicago French Connection ?
N : C’était un moment magique. Imaginez: il est très rare que l’on connaisse l’inventeur d’un courant artistique. Personne ne sait qui a inventé le rap. Personne ne sait qui a inventé la poésie. Pour le slam en revanche, on connaît l’origine, le père fondateur. Et il est toujours vivant, toujours actif, et c’est un homme passionnant. En créant le slam, Marc Smith a voulu rendre la poésie moins élitiste, plus accessible. Il a parfaitement réussi puisque son idée a fait le tour du monde. Alors il a essayé de rendre aussi la poésie accessible au-delà de la barrière des langues. C’est pour cela qu’il a créé des spectacles où des slameurs et slameuses disent ensemble des textes dans différentes langues. J’ai participé à plusieurs de ces projets avec lui, à Chicago et chez moi, en Suisse.
Lauréat de plusieurs tournois de slam, quel est votre leitmotiv ?
N : En réalité, je n’accumule pas les tournois. Parce que je n’aime pas tellement cette idée de donner des notes, de quantifier la poésie, et de me battre contre d’autres poètes et poétesses. Pour moi, le slam est avant tout un moment de partage. Mais du fait que j’en fais peu, quand je m’inscris à un tournoi je peux sortir mes meilleurs textes. Et c’est vrai qu’en général, je gagne.
Chez casting.fr, nous sommes curieux de connaître le sens de votre nom de scène, Narcisse ?
N : Eh bien, puisque j’ai fait de la musique durant des années avant de me lancer dans mon projet, je n’avais pas tellement envie que les gens fassent le lien. Qu’ils disent: « ah oui, c’est le gars qui a fait la musique de la pub pour les spaghettis ». Et comme je me mettais pour la première fois sur le devant de la scène, dans la lumière, je trouvais que cela avait quelque chose de narcissique. Narcisse était aussi le vrai prénom de mon grand-père. C’est une forme d’hommage.
Votre spectacle dénonce la société de consommation et les aspects négatifs de celle-ci sur l’être humain, pourquoi avoir axé votre spectacle sur ces dénominateurs ?
N : Parce que c’est ce qui me frappe, ce qui me remue les tripes. On a fait des progrès énormes ces derniers temps dans le domaine de l’intelligence artificielle, et pourquoi utilise-t-on cette magnifique technologie? Presque uniquement pour déterminer les goûts des gens afin leur faire de la publicité ciblée. C’est quand même incroyable. Vous avez peut-être remarqué que toutes les recettes de cuisine que l’on nous montre sur les réseaux sociaux contiennent de la pâte feuilletée, du lard et du fromage. Pourquoi ? Eh bien parce que ces recettes ont été sélectionnées par des algorithmes pour générer un maximum de « j’aime », et donc rapporter un maximum d’argent à leurs auteurs via la publicité. Il n’y a pas du tout dans cette démarche l’idée de proposer de belles recettes qui feront plaisir aux clients et à leurs amis. Et nous avons passé plus de temps à regarder Gangnam Style qu’à construire les pyramides d’Egypte… j’aimerais juste un peu, dans la mesure de mes petits moyens, faire prendre conscience que l’humain vaut bien mieux que ça, peut faire bien mieux que ça.
Placer l’homme au coeur de votre spectacle est judicieux ! Quelle est votre intention ?
N : Plutôt que l’homme, c’est l’humanité qui est au centre de mon spectacle. Il y a des hommes arrogants, fous, tyranniques, stupides, cupides… mais l’humanité est capable de réaliser des choses extraordinaires. Un téléphone, par exemple: personne au monde ne serait capable de construire les téléphones que nous utilisons aujourd’hui s’il se retrouvait seul sur une île. Dans un téléphone, il y a 1000 ans de savoir-faire, de technologies développées par l’humanité. Et que dire de la poésie, de la musique, de l’art en général…
Le slam, un art accessible, permettant à chacun de s’exprimer ou cela demande-t-il un talent particulier ou une formation spécifique ?
N : Le slam, c’est une soirée où toutes les personnes qui le souhaitent peuvent prendre la parole pour dire un poème de leur cru. J’aime beaucoup cette idée: la poésie est ouverte à tous et toutes, elle n’est pas réservée à des gens qui ont écrit des livres. Et tout le monde peut écrire de la poésie. Même si tout le monde n’est pas un génie, bien entendu. J’essaie de refléter cet esprit dans mes spectacles, de faire une poésie qui parle aux gens, qui les touche, qui ne soit jamais ennuyeuse.
Y a t il une morale dans " Toi tu tais? » ?
N : Avant tout, je n’aimerais pas être moralisateur. Je parle de ma vision du monde, je la partage, mais je ne voudrais pas l’imposer. Mon spectacle est parfois drôle, parfois léger. Cela dit, oui, il y a bien une morale, c’est qu’il faut donner plus d’importance aux idées qu’aux mots. Je ressens beaucoup cette tendance aujourd’hui: on veut résoudre des problèmes en interdisant des mots. Mais ça ne marche pas comme ça. Ce n’est pas parce que les Américains disent « minorité visible » au lieu de « noirs » qu’il y a moins de racisme chez eux. Au contraire.
Quels conseils donneriez vous aux membres de casting.fr qui veulent se former ou pratiquer le slam ?
N : Je n’ai qu’un seul conseil: si vous souhaitez apprendre à faire du slam, allez à une soirée slam, écoutez les autres, inspirez-vous d’eux. Mais confrontez-vous aussi à eux en essayant d’être différent, d’aller plus loin, de chercher une forme de poésie inédite. On se construit toujours avec les autres. C’est ça la grande force de l’humanité.
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Crédit photos : Philippe ESCALIER