“Je suis comme un caméléon” : Sélavie, première femme humoriste au Cameroun, à la conquête de la France ! 

“Je suis comme un caméléon” : Sélavie, première femme humoriste au Cameroun, à la conquête de la France ! 

“Je suis comme un caméléon” : Sélavie, première femme humoriste au Cameroun, à la conquête de la France ! 

Pionnière du one-woman show au Cameroun, Sélavie sera à l’affiche de l’événement Itanoo Show, qui se tiendra le 20 octobre prochain à Paris. Pour l’occasion, notre équipe est allée à sa rencontre afin d’en savoir plus sur son parcours. Comment s’est-elle lancée dans l’acting et l’humour ? De quoi s’inspire-t-elle pour ses sketchs ? A-t-elle déjà passé des castings ? La réponse dans cette interview exclusive pour Casting.fr.

Raconte-nous ton premier souvenir artistique.

S : C’était en 2001, au Cameroun. J’étais en trio sur scène avec deux garçons. Les deux étaient invités à un spectacle. Au lieu de faire la scène à trois, ils ont fait un duo et m’ont laissé toute seule pour jouer. Avant mon passage, j’avais expliqué mon sketch à l’un des garçons. Il m’avait dit : “Ce n’est pas drôle. Les gens ne vont pas aimer”. Pourtant, sur scène, il a joué mon sketch. Au moment de mon passage, j’ai dû improviser. Je n’ai même pas tenu trois minutes. Les gens rigolaient parce qu’ils me connaissaient déjà, mais pas parce que c’était drôle. Je suis descendue pour demander au promoteur mon cachet. Il me l’a donné car il était correct. À sa place, je n’aurais pas payé. Je n’étais pas préparée pour jouer seule et sans texte.

Qu’est-ce qui t’as donné envie de te lancer dans la comédie et l’humour ?

S : Ma carrière s’est faite toute seule. J’ai commencé en 1996. J’étais encore à l’école, mais mon oncle, qui était déjà connu, avait besoin de quelqu’un pour jouer un rôle dans ses sketchs. Un de mes frères lui a suggéré de me contacter. Il m’a expliqué ce que je devais faire. J’ai écrit une pièce en improvisation, et ça a fonctionné. Par la suite, j’ai joué plusieurs rôles dans ses sketchs : une maman, une journaliste…

Selon toi, quel est le plus difficile dans le métier ?

S : C’est un métier spécial. Tout métier est difficile, mais il faut persévérer, être tenace et déterminé. Je pense aussi qu’il faut avant tout le faire par passion. Ce métier est aussi ingrat. Quand on est connu, on a du monde autour de nous. Si on s’arrête, même pour un an, les amis qui étaient là car on était dans le métier ne sont plus là. Au Cameroun, où j’ai travaillé à la radio en 2001 puis à la télévision pendant sept ans, des personnes me sollicitaient en me disant “je veux faire comme toi”. Je leur disais de ne pas être comme moi, mais de le faire parce que tu aimes le métier.

On te retrouvera le 20 octobre prochain lors de la grande soirée “Itanoo Show”. Comment te prépares-tu à ce genre d’évènements ?

S : J’attends la dernière minute. Je sais que ce n’est pas bien [rires]. Mon texte est en tête, mais j’aime oublier mon spectacle pour jouer avec le public. Comme un caméléon, je m’adapte en fonction de la température et du lieu où je me pose. J’ouvre mon catalogue de textes deux jours avant un événement comme l’Itanoo Show. Vous allez adorer ce que je vous prépare !

De quoi t’inspires-tu pour écrire tes sketchs ?

S : Tout m’inspire. Je parle de ma vie, de celle des africains en Occident, de l’éducation, les salons de coiffure afro, de la polygamie, car je suis issue d’une famille de polygames. Mon grand-père avait 30 femmes et mon père 6. Je parle aussi de sujets plus lourds, comme la violence, l’excision ou le repassage des seins. Tous les sujets sont traités. Je les aborde à ma façon.

Une anecdote de casting à nous raconter ?

S : Lorsque j’ai auditionné pour intégrer l’École du One Man Show, j’étais déjà connue au Cameroun. Je voulais me lancer dans le cinéma, mais je n’arrivais pas à me démarquer. J’ai alors choisi l’humour. Le directeur m’a demandé de préparer un sketch de 3 minutes. Il n’a pas ri pendant que je jouais. Je me suis demandée pourquoi, car d’habitude, les gens rient. Lorsque j’ai terminé, il m’a dit que c’était bon et que j’étais admise, mais en première année. J’étais étonnée. Il m’a alors expliqué que ma façon de parler était différente. En Afrique, on a des expressions qui, ici, ne peuvent pas être bien comprises. J’ai appris à m’adapter et à écrire mes textes pour que les gens comprennent mieux ici. Au final, je n’ai pas fait les trois années convenues car il a trouvé que j’étais déjà prête. J’ai aussi raté un casting au Gabon à cause de mon accent. Ils avaient demandé des africains… J’ai accent oui ! Je viens du Cameroun. Si vous trouvez que j’ai un accent, dites que j’ai un accent camerounais, je comprendrais mieux. Ça m’avait perturbé, car on voulait des africaines noires venues d’Afrique mais qui ne parlaient pas comme des africaines.

Un conseil pour les membres de Casting.fr qui se lancent dans une carrière artistique ?

S : Si vous voulez faire ce métier, aimez-le et formez-vous. J’ai fait l’Actor Studio, Acting International et l’École du One Man Show. Je participe aussi de temps en temps à des stages. Avec les réseaux sociaux, c’est beaucoup plus simple d’être connu aujourd’hui, mais si vous avez la possibilité de vous former, faites-le. Les écoles les plus chères ne sont pas forcément les meilleures. Quelqu’un peut devenir une star du jour au lendemain, mais ce sont les chanceux qui sont au bon endroit au bon moment. Mais ce ne sont pas forcément les meilleurs non plus.

Retrouvez Sélavie lors de l'événement Itanoo Show le 20 octobre prochain à l’espace Reuilly aux côtés d’autres humoristes à découvrir. Pour en savoir plus, c’est ici.

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